Ernest Failloubaz

Ernest FailloubazErnest Failloubaz est né à Avenches le 27 juillet 1892. Son père, un riche marchand de vin, meurt alors qu’il n’a que quatre ans. Sa mère décède subitement six ans plus tard. Ernest hérite alors d’une fortune considérable dont il pourra disposer librement à sa majorité. Il est recueilli et élevé par sa grand-mère et sa tante qui tiennent la boulangerie du village. Enfant, Ernest est plutôt faible et doux mais il se passionne déjà pour la mécanique et la vitesse, un jour il entend parler de vélo entrainé par un moteur, il dévore tout ce qu’il peut lire sur le sujet et parvient à convaincre sa grand mère qui cède et lui offre probablement l’une des premières motos du pays. "Grâce à sa moto, il a percé le mystère de la nouvelle force. Cela l’a libéré de ses complexes en lui ouvrant des horizons fabuleux."™ Peu de temps après sa grand mère est à nouveau sollicitée, cette fois Ernest s’achète une auto !

10 mai 1910, le premier vol !

Ernest FailloubazDébut 1909, Failloubaz a 16 ans. Comme souvent, un avenir va se jouer sur une rencontre. Celle avec René Grandjean, constructeur de génie, va jouer un rôle considérable dans l’histoire de notre premier pilote. "Immédiatement et irrésistiblement, l’adolescent est attiré vers le grand jeune homme qui, patiemment, pièce par pièce, tente de construire le véhicule extraordinaire dont il rêve lui-même."™ Grandjean parviendra à ses fins…Sur la base d’une image de l’avion construit par Blériot et grâce à son esprit inventif et ses qualités d’artisan il termine la construction de sa première "machine à voler" en octobre 1909.Les essais au sol débutent en février 1910 sur le terrain de l’Estivage à Avenches et, ce que l’on considère aujourd’hui comme le point de départ de l’aviation helvétique, va se produire peu de temps après ! Ce 10 mai 1910 Ernest Failloubaz est aux commandes, il roule, prend de la vitesse, décolle, vole et atterrit en douceur. C’est le premier vol en Suisse d’un avion construit et piloté par des Suisses. "Il vole comme ça, du premier coup, à seize ans, sans avoir jamais appris et sur de simples déductions tirées de ses observations personnelles… Failloubaz vole !"™

Son propre avion

Failloubaz sait maintenant qu’il peut voler, Grandjean ayant "cassé du bois" en voulant tenter lui-même un envol quelque jours après le succès de son ami, Failloubaz se retrouve sans avion et se rend à Paris fin mai 1910 pour y acheter une Demoiselle Santos-Dumont qu’il ramène aussitôt sur le terrain de l’Estivage à Avenches où il s’entraîne quotidiennement. Quelques mois plus tard, ayant atteint les limites de la Demoiselle il repart à Paris pour acquérir un Blériot, avion plus puissant qui lui permettra de voler plus haut et plus longtemps. Avec cet avion il participe au meeting de Viry en haute Savoie en août et sort grand triomphateur de la compétition. "Il ose ce qu’aucun autre n’a encore osé… des arrêts volontaires du moteur en plein vol, suivis de vols planés et de reprises du moteur. Une foule délirante y acclame celui qu’elle appelle le Gamin-volant d’Avenches."™ Le 28 septembre 1910, il réussit sur son Blériot le premier vol suisse de ville à ville, d’Avenches à Payerne.

10 octobre 1910, le brevet suisse de pilote numéro 1

Du 8 au 10 octobre 1910 Failloubaz se rend aux journées d’aviation de Berne, Il obtient à nouveau un grand succès et bat le record de durée avec un vol de 58 minutes et 17 secondes ! Mais surtout, il décroche le brevet suisse de pilote numéro 1 avec les félicitations du Président de la Confédération et, le trophée des trophées…. une montre en or dédicacée "La Confédération Suisse à Ernest Failloubaz. Brevet No 1 Octobre 1910."

1911, la consécration

Ernest FailloubazEn janvier 1911 Failloubaz reçoit un nouvel appareil, un biplans Dufaux, il en achètera la licence pour la fabrication en Suisse des biplan Failloubaz-licence Dufaux. Le 11 mai 1911 la société de l’aérodrome-école d’Avenches se constitue définitivement, Failloubaz en est le principal bailleur de fonds. En septembre, il prend part comme aviateur aux manœuvres du 1er corps d’armée et début octobre 15'000 personnes assistent enthousiastes à ses prouesses lors des journées avenchoises d’aviation. "En 18 mois il a tout conquis. Le ciel d’abord, le premier brevet ensuite, puis la popularité et l’amour de tout un peuple. Avec son propre avion, il a montré la voie, ouvert les ailes de l’armée, et le Conseil fédéral, autorité suprême du pays, l’a honoré."™

"Il avait gagné la phase des précurseurs, la plus belle. Celle qui demande foi aveugle, enthousiasme, confiance inébranlable, volonté farouche, esprit de sacrifice et âme claire…celle où l’on crée, celle où l’on "donne."™

 

 

La chute

"Pendant quelque temps encore, le rêve de grandeur va se poursuivre. Il se laisse guider par ses "conseillers" et ceux-ci voient grand. Du reste, il ne peut plus reculer ; tout le pousse en avant… Il est partout et…il paie partout. Il se fatigue, il s’épuise."™ L’argent commence à manquer, Failloubaz est peu a peu abandonné, y compris par les politiciens locaux… la débâcle est proche puis, la faillite est là, il est ruiné. La guerre qui arrive n’arrangera rien, Failloubaz sera recalé à la visite sanitaire du recrutement des futurs pilotes militaires, la maladie avait commencé son œuvre

Le dernier vol du premier pilote suisse

Failloubaz n’a plus d’avion depuis octobre 1913, lui qui a toujours tout donné peine à demander et personne n’ose lui en proposer un de peur d’heurter sa fierté. 28 avril 1916, Failloubaz n’a plus volé depuis 30 mois, il se rend une dernière fois sur le terrain de l’Estivage, Marcel Pasche vient de se poser avec un Blériot tout neuf….ils se parlent, Pasche n’hésite pas une seconde…Failloubaz s’envole dans le soir pour ce qui sera le dernier vol du premier et du plus légendaire des pilotes suisse.

Triste fin

Le premier pilote aviateur suisse est décédé le 14 mai 1919, à l’âge de 26 ans à l’Hôpital cantonal de Lausanne. Il n’y aura que deux personnes pour l’accompagner à sa dernière demeure. "Elle est finie, l’histoire du petit Failloub. Une fin misérable, honteuse, cruelle, indigne, inhumaine."™

Hommage tardif

Ernest FailloubazIl faudra attendre 1942 pour qu’un monument soit finalement érigé à Avenches en la mémoire du héros. Puis en 1960 une grande manifestation est organisée pour le 50ème anniversaire des premiers vols suisses mais aussi et surtout pour rendre justice et réparer…

"Il restera toujours pour nous un être de légende."™

™(Passage tiré du livre Pilote nº 1 ou le gamin volant. Henry Sarraz.)

 

 

 

 

 

Partager / Share |