René Grandjean

René Grandjean est né à Bellerive le 12 novembre 1884. Six ans plus tard toute la famille part vivre à Paris, René y fera ses premières classes d’école avant le retour définitif à Bellerive où son père construira un moulin et une grande scierie dans laquelle René travaillera dur pendant toute sa jeunesse.

Passion pour la mécanique

"A seize ans, j’avais très bien compris toute la machinerie du moulin et celle de la scierie. En cas d’ennuis et de pannes, j’arrivais à me débrouiller tout seul pour tout remettre en marche. Toute cette mécanique me passionnait."™ Si passionné, qu’il décide à 18 ans de partir à Paris pour travailler dans la mécanique, il est engagé dans une carrosserie d’autos mais sera renvoyé après 2 mois pour avoir embouti l’auto du patron. Ironie du sort, il sera engagé le lendemain comme chauffeur chez le marquis de Montebello, puis en Egypte au service d’un généreux employeur le sultan Omar Bey qui deviendra son ami.

Construire une machine volante

Eté 1909, Grandjean a 24 ans et rêve depuis quelque temps déjà de construire une machine volante, la nouvelle de la traversée de la Manche par Louis Blériot, le 25 juillet 1909 l’enthousiasme, il quitte l’Egypte et rentre à Bellerive pour réaliser son rêve.

Le succès avec Failloubaz

René GrandjeanGrandjean parviendra à ses fins… Sur la base d’une image de l’avion construit par Blériot et grâce à son esprit inventif et ses qualités d’artisan il termine la construction de sa première "machine à voler" en octobre 1909. Les essais au sol débutent en février 1910 sur le terrain de l’Estivage à Avenches et, ce que l’on considère aujourd’hui comme le point de départ de l’aviation helvétique, va se produire peu de temps après ! Ce 10 mai 1910 Ernest Failloubaz est aux commandes, il roule, prend de la vitesse, décolle, vole et atterrit en douceur. C’est le premier vole en Suisse d’un avion construit et piloté par des Suisses. Cinq jours plus tard Grandjean va "casser du bois" en voulant tenter lui-même un envol. A peine réparé, son avion sera à nouveau détruit par Georges Cailler lors du meeting de Viry en aout 1910.

 

Un départ forcé pour Dübendorf

René GrandjeanLe 12 octobre 1910, Avenches interdit ses terrains à Grandjean, mettant fin de manière obscure a la collaboration entre les deux amis. Tous sont contre lui mais Grandjean garde une foi inébranlable, il se rend à Dübendorf, il y trouve un terrain et des gens accueillants, il décide de s’installer. En novembre, il entreprend d’importantes transformations sur son avion et c’est au cours de cet hiver qu’il apprendra à voler… tout seul. Début 1911 il est engagé par Oerlikon pour la promotion de leur moteurs auprès des grands constructeurs de l’époque, Farman, Blériot et Voisin. Le 18 juin 1911 il réussit la traversée du lac de Neuchâtel et trois mois plus tard, le 18 septembre 1911, il obtient le brevet suisse de pilote numéro 21.

 

 

 

 

Premier pilote des neiges…et des lacs

En décembre 1911, Grandjean est invité à Davos pour effectuer des vols au dessus de la station, il lui vient l’idée de fabriquer des skis pour glisser sur la neige sans s’y enfoncer, il se met au travail et, le 2 février 1912, effectue les premiers vols sur skis en Suisse. "L’invention et la réussite absolue de René Grandjean, en 1912, l’avaient clairement démontré, au cours de plus de cent vols en quelques jours et sans le moindre accident. Il fut et demeure incontestablement le premier pilote des neiges du monde."™

Eté 1912, Grandjean remplace les skis par des flotteurs dessinés et calculés par ses soins. Le premier hydro-aéroplane suisse volera le 4 aout 1912 ! Aux commandes de cet hydro-aéroplane il gagnera de nombreux prix, notamment le prix Eynard grâce à l’invention d’une magnéto lui permettant de démarrer son moteur sans quitter son siège de pilote.

Inventeur de génie à Paris

Grandjean est mobilisé avec son appareil en 1914 et ne peut desormais donner libre cours à son imagination débordante, il a néanmoins une série de projets, il les soumet à ses nombreux amis suisses qui restent sceptiques. Il décide de partir pour Paris en 1915 où Il devient rapidement un conseiller technique très recherché, il fera breveter plus de deux cents de ses propres inventions et rentrera définitivement en Suisse en 1956.

Pionnier reconnu en Suisse

René GrandjeanIl inaugure le 31 mai 1956 son propre monument à Portalban sur les rives du lac de Neuchâtel où il avait atterrit après sa traversée du lac, puis participe avec presque tous les pionniers survivants de l’époque héroïque au 50 ème anniversaire de l’aviation suisse en novembre 1960 à Avenches. René Grandjean décèdera le 14 avril 1963 à l’âge de 78 ans.

Le 10 mai 1965, le monument érigé à Avenches en la mémoire de Failloubaz sera complété par une plaque commémorative rappelant sa collaboration avec Grandjean, en faisant ainsi un vrai monument de la naissance de l’aviation suisse.

™ (Passage tiré du livre Mémoires et Histoire de René Grandjean. Henry Sarraz.)

 

 

 

 

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